Ce samedi 3 février, à Ouistreham, le Parti de la France (PDF), groupuscule d’extrême droite auquel nous avons récemment consacré plusieurs articles (à lire ici et là), appelle à un rassemblement raciste contre les migrants dans la misère qui tentent actuellement de passer en Angleterre. Le PDF, qui a déjà organisé des rassemblements de ce genre à Calais, espère ainsi profiter de la relative médiatisation autour de la situation migratoire à Ouistreham pour tenter de diffuser ses idées racistes et nationalistes et faire monter la tension, afin de l’exploiter politiquement. L’assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions de Caen nous a fait parvenir cet appel à venir manifester contre le PDF, et à soutenir les migrants : vous pouvez d’ailleurs sur leur site trouver le compte rendu d’une manifestation solidaire le 20 janvier dernier.
Une fois de plus, c’est à ceux et celles qui sont le plus dans la misère et sans défense que l’extrême droite cherche à s’en prendre. La centaine de migrants présente à Ouistreham, harcelée en permanence par les forces de l’ordre, sans accès à des WC ou à un point d’eau potable, sans abris en plein hiver, à qui on confisque les couvertures et les petits sacs d’affaires personnelles constituent en effet une cible facile pour la propagande d’extrême droite, qui ne prend aucun risque à les attaquer.

Des gens qui tentent simplement de sortir de la misère et d’avoir une vie décente… Dans l’esprit paranoïaque du PDF, cela devient une “invasion”, alors même que ces migrants ne demandent qu’à partir.
Dans l’esprit tordu de l’extrême droite, cette centaine de migrants, que les autorités préfectorales et municipales condamnent à une situation misérable, qui ne veulent pas rester ici mais passer en Angleterre pour essayer de retrouver leur famille et bâtir une vie qu’ils espèrent meilleure constituerait une « armée d’invasion ». Qui peut croire de telles balivernes déconnectées de la réalité ?

Le secrétaire départemental du PDF 14, Bruno Hirout, au naturel : déguisé en nazi, décorant une bouteille de gaz d’une étiquette “Zyklon B” ou jouant les “vigilante” l’arme au poing… Tout un programme.
Le PDF espère donc pouvoir répandre à Ouistreham son discours de haine contre les migrant-e-s, les étranger-e-s pas « de chez nous » mais aussi contre tous-tes ceux et celles « bien d’ici » qui ne correspondent pas à leur vision nationaliste délirante, uniformisée et répressive : les pauvres, les fonctionnaires, les antiracistes, les humanitaires, les syndicalistes, les homosexuel-le-s, les gauchistes, les juifs, les franc-maçons, les féministes etc. bref toute la diversité de la vie et des opinions qui ne rentre pas dans le moule, très très étroit, de leur pensée étouffante et puante.
NON, Ouistreham ne va pas devenir un autre Calais ! Il y a beaucoup trop peu de camions qui pas- sent et de ferries qui partent (seulement 3 par jour) pour que ce port attire beaucoup de migrant-e-s cher- chant à passer en Angleterre. Il y a eu jusqu’à 9000 migrant-e-s à Calais (pour environ 600 actuellement) et seulement une centaine à Ouistreham (90 fois moins !) et si les migrant-e-s étaient à Calais, c’est parce qu’il y a plein de ferries là bas, plus le tunnel sous la Manche et donc plein de camions (vraiment là bas les poids lourds n’arrêtent pas de défiler) dans lesquels essayer de monter en cachette.

En décembre dernier, des membres de l’AG contre toutes les expulsions avaient occupés les locaux du centre de loisirs municipal afin d’abriter des migrants soudanais. ils ont été violemment expulsés par la police.
NON, aider un peu les migrant-e-s ne ruinerait pas la commune de Ouistreham ! Laisser en accès libre un point d’eau, mettre à disposition quelques WC de chantiers, laisser quelques tentes s’installer, prêter une salle pour que les migrants aient au moins un repas chaud distribué par jour : cela n’aurait rien coûté à la mairie. Les habitant-e-s solidaires et les collectifs de soutien aux migrant-e-s auraient pu prendre en charge les quelques frais, assurer le nettoyage d’un local prêté quelques heures par jour, fournir et préparer la nourriture. Si le maire avait eu ces quelques gestes d’humanité élémentaire plutôt que de participer au harcèlement des migrant-e-s, on l’aurait laissé tranquille, car ce qui nous intéresse c’est la situation des migrants, pas Romain Bail…
Heureusement, la population locale a su donner l’exemple et nous saluons son sens de la solidarité et de l’organisation, sa générosité et sa détermination.